Ne serait-ce que de m’imaginer avec un homme a été impossible pendant la majeure partie de ma jeune vie. Mon féminisme exacerbé et mon lesbianisme étaient vraisemblablement à l’origine de ce rejet des hommes. J’étais le genre de femme très stricte quand il s’agissait de défendre mes idéaux. Pourtant, un homme m’a fait changer d’avis. Il est le premier avec lequel j’ai couché dans ma vie. Avant lui je n’avais connu que des femmes. Cette expérience m’a fait grandir, m’a rendu beaucoup plus tolérante envers les hommes que je ne l’étais dans ma période d’activisme féministe. Ce n’était pas bien compliqué : à l’époque j’étais la personne la plus intolérante au monde ! Mais c’est du passé. Un passé récent, certes, mais cela reste quand même du passé.
Aujourd’hui je me reconnais dans la bisexualité. Peut-être que j’ai simplement découvert ma part d’hétérosexualité en moi. Je ne sais pas. Une hétérosexualité que je refoulais certainement et que j’ai admise grâce à Sylvain et à ses performances sexuelles de haute volée. Cette histoire, je l’ai mise sur papier, la voici.
Lecture érotique : « Moi aussi je voulais baiser »
Il y a quelques mois encore, Sandrine et moi avions une relation ouverte. Autrement dit, on ne se limitait pas à nos relations sexuelles de couple. Chacune avait le droit de voir ailleurs, avec la seule et unique règle que l’autre restait quoi qu’il arrive la priorité. Pendant six mois cette relation libre a parfaitement fonctionné. Nous nous accordions quelques écarts par-ci, par-là, sans que cela n’ait de conséquences négatives sur nous. Mais tout à une limite et il est arrivé le jour où notre relation a battu de l’aile. Le nœud du problème ? Un homme, Sylvain, le premier qui m’a fait découvrir les joies de la sexualité hétérosexuelle. Le coloc de Sandrine, pour couronner le tout.
Il est important de contextualiser : Sylvain est donc le colocataire de Sandrine. Les deux habitent ensemble sans avoir de véritables relations. Il est juste question de partager le loyer, rien de plus. Ils ne font rien ensemble. Un soir, j’avais envie, mais Sandrine ne répondait pas au téléphone. Un peu énervée, très frustrée, je suis allée chez elle à l’improviste. Elle n’y était pas. Sylvain, par contre.
Il avait remarqué au premier coup d’œil que je n’étais pas de bonne humeur. Il m’a demandé ce qui me tracassait, je l’ai envoyé balader sèchement. Il a dit « je comprends. Bonne soirée. » et a refermé la porte. Je me sentais conne de lui avoir parlé sur ce ton si désagréable. Il n’y était pour rien si j’étais frustrée. J’ai sonné à la porte une nouvelle fois pour m’excuser. Il m’a dit « ce n’est pas grave. Je peux faire un truc pour toi ? Tu veux parler ? » J’ai dit oui et il m’a fait entrer.
Il m’a demandé ce qui n’allait pas. Son attitude attentive et tendre m’a calmée. Je lui ai dit que je ne pouvais pas entrer dans les détails, que cela concernait Sandrine. Puis je lui ai demandé de m’excuser une minute. Le fait d’avoir évoqué Sandrine m’a donné une envie compulsive de l’appeler. Au bout de deux coups de sonnerie elle a renvoyé l’appel. Deux minutes après, elle m’a envoyé un message pour me dire qu’elle était de sortie et qu’elle m’appellerait demain. A ma frustration de ne pas pouvoir la voir s’est ajouté une rage incontrôlable. Je savais ce qu’elle voulait dire par « je suis de sortie ». Elle était avec une autre. Moi aussi je voulais baiser !
Lecture érotique : « Baise-moi ! Sauvagement ! »
Je suis revenue dans le salon. Sylvain m’a regardé avec des grands yeux et m’a dit « tout va bien ? ». J’ai dit que oui et je me suis assise à côté de lui. Je ne sais pas ce qui m’a traversé l’esprit à ce moment-là : je lui ai demandé de m’embrasser. Il a écarquillé encore une fois les yeux. « Embrasse-moi » lui ai-je dit à nouveau sur un ton assez autoritaire. Il n’a pas bougé. Alors je l’ai embrassé. Il s’est laissé faire, puis, petit à petit, il a pris les choses en main. Il s’est mis à me toucher. Les mains des hommes peuvent aussi être tendres, douces, habiles, ai-je pensé sur le coup. J’avais une envie folle de faire l’amour. J’ai enlevé mon haut avec hargne pour signaler mon impatience et mon désir, puis mon pantalon.
« Baise-moi, là, ici, tout de suite ». Il a retiré son t-shirt, son pantalon, ses chaussettes. Il a dit « une seconde, je vais chercher une capote ». Il est parti dans la salle de bain. J’ai retiré ma culotte et j’ai commencé à me toucher, à me doigter, à me pincer les tétons. J’étais surexcitée. Il est revenu la capote sur le sexe. J’étais allongée sur le canapé, les jambes grandes ouvertes. « Baise-moi ! Sauvagement ! » Il a sauté sur moi et a enfilé son sexe dans ma chatte brûlante.
Il m’a baisée sans retenue. Un orgasme m’a surpris au bout de deux minutes. Mon corps tout entier s’est contracté puis décontracté, un éclair de plaisir m’a traversé toute l’échine. Lui aussi avait joui.
« Il vaut mieux que je file » lui ai-je dit après m’être reposée quelques minutes. J’ai repensé toute la nuit à cette expérience bestiale. Le lendemain Sandrine m’a appelée pour s’excuser. Elle m’a demandé ce que j’avais fait et j’ai été cash, je voulais la rendre jalouse comme elle m’avait rendu jalouse : « j’ai baisé avec ton coloc et c’était incroyablement bon ! ». Cette révélation a été le début de la fin. La fin de leur coloc, mais aussi la fin de notre relation.
J’ai revu Sylvain plusieurs fois depuis. On baise de temps à autre. Il me fait découvrir peu à peu la sexualité hétérosexuelle, et il y en a des choses à découvrir…